Le Gouvernement bloque par un coup de force la revalorisation des retraites agricoles


 

Pour la première fois depuis l’instauration  de la 5 ème République, le Gouvernement a recours au vote bloqué pour s’opposer à une initiative parlementaire unanimement appréciée

Bien sûr, le vote bloqué est autorisé par l’article 44.3 de la Constitution. Il permet au Gouvernement d’imposer sa décision en soumettant au vote des deux chambres dans un vote global, seulement son texte ou ses amendements. Les projets du parlement sont totalement exclus sans qu’un vote l’ait au préalable autorisé..

En la circonstance, il s’agit d’une proposition de loi, émanant du Groupe communiste, visant à établir le minimum des retraites agricoles à 85% du SMIC au lieu de 75% soit à 987 € par mois, soit encore un niveau inférieur au seuil de pauvreté. le coût estimatif s’établirait à 350 millions d’euros financés par une taxe additionnelle de 0.1% sur les transactions financières. La commission des Affaires Sociales a, à l’unanimité, adopté cette proposition qui obéit à une urgence de justice sociale.

Et le Gouvernement manoeuvre et habille de vertu sa petite cuisine

Il fait appel à l’article 44.3 de la constitution qui autorise le Gouvernement à exiger le vote bloqué. Constitutionnel certes !  mais pas pour être utilisé à mauvais escient et pour de mesquines préoccupations. Le gouvernement  dépose au préalable un amendement tendant à reporter à 2020 l’application de l’augmentation. Et par une décision de vote bloqué imposeque seul cet amendement sera soumis au vote.

Ruse, malignité, subtilité? sûrement mais les citoyens sont fatigués de ces manoeuvres politiques surannées.

Voter contre le texte qui prévoit un report de l’augmentation? c’est risquer d’apparaître comme opposé à l’amélioration des conditions de retraite des agriculteurs alors que nous partageons la nécessité d’agir vite. Voter pour le texte du Gouvernement? c’est accepter le report qui nous paraît contraire à l’idée que nous nous faisons de la justice….et méprisant à l’égard du parlement !!

Il s’agit bien là de l’illustration d’une volonté centralisatrice et autoritaire du gouvernement.

Il n’y a pas de démocratie sans parlement pour faire la loi au nom du peuple. Il a moins de démocratie quand les élus locaux voient leur pouvoir encadré jusqu’à la suspicion d’incompétence, l’augmentation de leurs dépenses décidée par le Gouvernement. Les dictatures ont toujours  commencé par rogner les pouvoirs des assemblées jusqu’à les supprimer ou en nommer les membres pour en assurer la servilité.

Le projet de modification de la Constitution porte en germe une concentration supplémentaire des pouvoirs. Et cette tendance là fait peser de lourdes menaces sur nos libertés, sur la souveraineté du peuple à décider de son avenir. 

« Le pires des tyrans est celui qui sait se faire aimer » Spinoza – Bien sûr nous n’en sommes pas làet sans doute n’en serons-nous jamais là. Mais la pente amorcée est dangereuse.

 

 

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