Comment LREM et le gouvernement restreignent la « liberté de choisir son avenir professionnel »


Voilà que le gouvernement invente l’examen TGV des projets de loi pour éradiquer le chômage ! Les députés n’ont ainsi eu que 24 h pour déposer des amendements en séance après que 60 amendements du gouvernement et de sa majorité ont rétabli le texte initial si bancal et dangereux.

Voilà que la start-up est une structure verticale, maréchaliste, distribuant les prébendes à ses affidés en jetant l’anathème sur quiconque ose un avis contraire. Sa réponse ? En éradiquant les chômeurs !

La primauté du marché comme dogme

Que nous dit en somme le gouvernement ?
– que la croissance revient, alors que le chômage augmente
– qu’il est urgent de baisser les effectifs de Pole Emploi
– Que des emplois nombreux sont non pourvus : obligeons les fainéants à les occuper en les fliquant…

Ce serait risible si ca ne portait pas en soi les germes du délitement du lien social, de l’abandon de la solidarité collective, de l’utopie de vivre ensemble et bâtir un avenir meilleur pour chacun.

A coup de slogans, et de dogmes que même les spécialistes de la théorie de marché n’ont pas, on casse tous les outils existants, sans qu’aucune évaluation ne soit mise en place :
– On enterre le compte pénibilité,
– on privatise le CEP au grand bonheur des groupes Alpha et Omega
– on vante un CPF monétisé et sous évalué
– on enterre le CIF, qui a largement fait ses preuves, en le remplaçant par un CPF de transition avec une division par 2 des crédits. On travestit le bilan des FONGECIF.
– On s’enorgueillit d’avancées révolutionnaires pour les travailleurs en situation de handicap en …promettant des ordonnances futures ! mais en supprimant dés le 1er juillet les primes d’activités soit jusqu’à 15% des revenus amputés au 1er juillet
– On passe quasiment sous silence la situation de nos concitoyens ultra marins
– On ne prend pas conscience des enjeux à traiter la formation des jeunes et leur orientation
– On n’a que le nouveau monde à la bouche et on exclue toute co-construction avec le parlement, avec les partenaires sociaux ou les citoyens.

Un seul mot d’ordre : simplifier ! Pour qui ? Pour quoi ? Ces questions ne reçoivent pas de réponse, ou si bien au travers des séries de décisions prises au détriment de la protection des salariés, des apprentis, des personnes handicapées, de l’égalité homme femme… Un exemple on supprime le CIF et on donne le droit à des formations à 17 euros de l’heure quand l’heure de formation coute 37 euros ! Le demandeur d’emploi paiera donc les formations aujourd’hui gratuites grâce au CIF et permettant à 30 % d’entre eux de progresser dans les CSP !
L’émancipation, ce n’est pas faire les poches des travailleurs après avoir rogné leurs droits collectifs.

Croire en l’ambition et en l’intelligence collective pour batir un vrai contrat social du 21e siècle !

Alors je pense à ces mots de Louise Michel, qu’un maire a justement rappelés, dont je voudrais qu’ils nous guident : « je suis ambitieuse pour l’Humanité ; moi je voudrai que tout le monde fut artiste, assez poète pour que la vanité humaine disparut » (Louis Michel, 22 juin 1883)

La vanité qui nous pousse à croire qu’il suffit de vouloir pour être premier de cordée. Qui nous empêche de voir qu’un nouveau modèle reste à construire et que penser que la seule main invisible du marché y pourvoira au mieux, c’est se tromper de siècle et de combat.

Alors hâtons-nous de croire à l’intelligence collective pour imaginer, bâtir et mettre en place un vrai contrat social du 21 e siècle : liberté, égalité et volonté générale ! C’est le combat d’une nation Messi et Neymar ont échoué là où la solidarité a permis à des pairs de réussir !

Les pistes existent déjà, les utopistes n’ayant pas attendu le nouveau monde pour imaginer l’Amérique.

Le défi de notre siècle est de rendre possibles des carrières plus complexes et évolutives, à la croisée des priorités et aspirations des personnes, et des besoins actualisés des entreprises. Il est de dépasser le caractère dual systémique du marché du travail :
– Le premier caractérisé par des emplois stables, à forte productivité, conditions de travail satisfaisantes, salaires élevés, et par un système bien organisé de formation initiale et continue. Les entreprises y sont de grande taille, à forte intensité capitalistique, et le syndicalisme puissant. Des salaires supérieurs à la moyenne, une promotion à l’ancienneté et des échelles de salaire bien définies assurent de bonnes relations professionnelles.
– Inversement, le second se caractérise par une instabilité de l’emploi, des salaires inférieurs, une offre interne ou externe de formation quasi inexistante. Les formations sont brèves et minimales, même lorsque les taches à accomplir sont multiples. La main d’œuvre y est abondante, et le degré de syndicalisation faible, ce qui permet de maintenir de bas salaires.

Ce n’est pas en généralisant les caractères du second que la majorité inventera la solidarité de demain !

La formation professionnelle, initiale et continue, peut jouer un rôle crucial pour promouvoir la mobilité professionnelle sur le marché du travail, et plus particulièrement la mobilité entre secteurs. Bien entendu, l’Etat a un rôle non moins déterminant en organisant, ou en finançant la formation. Ou bien, il pourrait jouer le rôle d’« employeur modèle » encourageant le passage d’un secteur à l’autre en créant des passerelles spéciales pour les salariés précaires.

Au delà d’une supposée croyance de la supériorité du tout Etat, il s’agit de la recherche de nouveaux espaces et de nouvelles modalités de confrontation de l’offre et de la demande. Penser et mettre en place une autre approche dynamique du marché du travail qui prenne en compte tous les processus de transition liés au marché du travail, d’organiser les périodes de la vie au cours desquelles le temps de travail diverge de la norme pour éviter le chômage de longue durée et la stigmatisation qu’il implique en réorientant les fonds de politique sociale et de politique d’emploi, en reconvertissant les fonds consacrés “passivement” à l’indemnisation du chômage…. Alors oui, le plein emploi est possible !

Des Etats-Généraux valent mieux qu’une étude marketing pour écouter un peuple

Nous sommes nombreux aujourd’hui à proposer d’actualiser ce concept, à proposer d’en faire un objectif pour la Nation et en définir les moyens. La France est plus grande que nous car des esprits libres ont eu le courage de tenir des Etats Généraux ou de supprimer les privilèges, un certain 4 aout 1789. Hélas, cette assemblée-ci préfère encore rater un rendez-vous avec l’Histoire et nous rejoue la querelle des modernes, pour qui l’expérience des anciens est une lanterne que l’on porte dans le dos pour éclairer le chemin qui est devant.

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