Pacte d’avenir pour la Bretagne : une opportunité historique pour notre région


C’est à la capacité qu’ils ont de « saisir » l’histoire que se distinguent les responsables politiques, celles et ceux qui permettent les transformations réelles, le changement. Les annonces en cascade, ces derniers mois, des plans sociaux dans l’agro-alimentaire appelaient une réaction forte, sans ambiguïté, de la part du gouvernement. En annonçant la signature d’un pacte d’avenir pour la Bretagne, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a fait plus que répondre à l’urgence : il a dessiné les possibilités d’une relève par les bretons eux-mêmes.

Un pacte d’avenir issu de la Bretagne, enraciné dans son histoire

Depuis le plan routier du Général De Gaulle, ce pacte est le premier à prendre en compte notre région dans toutes ses dimensions : celles d’un territoire dynamique et intelligent, fort de son activité industrielle et de l’excellence de son système de formation, mais celles également d’une région frappée par la crise et les limites d’un système éculé.
Ce pacte ne cède à aucune des facilités de l’époque : ni au catastrophisme qui fait « table rase » de notre histoire, ni au fatalisme d’un discours résigné aux supériorités des lois du marché et du repli sur soi. Il prend racine dans ce qu’est réellement notre Bretagne : une région ouverte sur le monde, solidaire et capable de se rassembler pour relever les défis de notre temps, dans une perspective de progrès.

Le Pacte d’Avenir est une grande nouvelle qui considère la Bretagne dans sa globalité et nous rassemble pour son avenir

Car notre histoire est riche : depuis les années 70, la Bretagne a connu un fort développement qui en a fait une région d’excellence productive et d’innovation. Cette croissance forte a été adossée à plusieurs secteurs d’activités qui, s’ils sont aujourd’hui frappés par la crise, demeurent des richesses de notre nation. De même, les résultats scolaires des bretons attestent-ils de compétences humaines élevées indispensables au développement contemporain. Enfin, le modèle d’aménagement équilibré du territoire breton, appuyé sur des richesses diverses (métropoles, littoral …), est une ligne conductrice qui a forgé une région solidaire, sure de son intérêt supérieur au rassemblement. Ces qualités n’ont eu de cesse, au cours des dernières décennies, de construire la force du pacte républicain en Bretagne.

Un modèle de développement en crise, notamment dans le secteur agroalimentaire

Si nous avons donc raison d’aimer notre région, nous ne saurions nous exonérer de toute lucidité dans l’explication des causes des difficultés auxquelles sont confrontés les bretons.
Certaines relèvent de facteurs exogènes qui témoignent de la brutalité du libéralisme économique : la concurrence déloyale de la sous rémunération du salariat européen ou encore l’application de la directive relative aux travailleurs détachés par exemple. A ceux-là, la contestation d’une région attachée comme aucune autre à la construction européenne est utile parce qu’elle est toute légitime à exiger un autre modèle de développement continental.
D’autres difficultés relèvent en revanche de facteurs propres aux virages que n’ont pas su prendre une partie du monde agricole et des entreprises de l’industrie agroalimentaire. Nous savions tous, et depuis des années, que certaines des aides européennes à la production seraient supprimées ! De même, étions-nous bien conscients de l’exigence de productions davantage qualitatives et plus soucieuses de notre environnement ! Il y a donc une forme d’usurpation chez certains de ceux qui manifestent et qui ont volontairement fermé les yeux sur la précarité de certains dispositifs, se refusant à l’anticipation du changement par appât du gain.

Des mesures d’urgence pour les salariés et les territoires impactés

La conjugaison de ces facteurs a aboutit à la fragilisation de pans entiers de l’agroalimentaire breton. Ce sont donc d’abord des mesures d’urgence qui ont été prises par le gouvernement pour soutenir les salariés concernés et revitaliser les territoires impactés. Sans faire l’inventaire des mesures annoncées, je crois utile de mettre en évidence quelques unes d’entres elles comme par exemple la mise en place d’un contrat de sécurisation professionnelle renforcé (maintien de la quasi intégralité du salaire pendant un an, un accompagnement renforcé avec un expert pour 20 salariés …) ou encore la mobilisation immédiate de 15 millions d’euros pour financer les entreprises de l’agroalimentaire fragilisées

Une stratégie pour propulser la Bretagne dans le 21ème siècle

Mais au-delà des mesures d’urgence, le pacte d’avenir trace les perspectives utiles au redressement de la Bretagne en affrontant les difficultés auxquelles elle fait face et en s’appuyant sur ses atouts.
Dans le domaine des activités agroalimentaires, il vise à dépasser l’antagonisme supposé entre productivité et qualité, dans le respect des exigences écologiques du 21ème siècle. Ainsi est réaffirmée l’ambition d’une région productive en même temps que des moyens et autres simplifications administratives sont apportés pour moderniser les activités de production et de transformation alimentaire. Citons, par exemple, les actions qui seront menées pour la modernisation des bâtiments d’élevage ou encore les mesures prises en faveur de la méthanisation pour l’élevage et la cogénération pour les serres.
Plus globalement, ce pacte porte sur 5 axes essentiels que sont : l’enseignement supérieur, la recherche, et l’innovation ; les filières d’avenir et l’usine du futur ; les infrastructures et usages du numérique ; les mobilités multimodales ; et la transition écologique et énergétique. Dès 2014, l’Ille et Vilaine sera directement concernée par les mesures comprises dans le pacte d’avenir :
– revitalisation et réindustrialisation des sites touchés dans la filière automobile (PSA) ou la filière des technologies de l’informatique et des télécommunications (Alcatel-Lucent) ;
– construction d’un institut de recherche et de technologie (IRT) dédié à l’agriculture et à l’agroalimentaire, incluant les recherches autour du médicament vétérinaire (ANSES), de la filière bovine et de l’agro-environnement à Fougères avec Bioagropolis par exemple ;
– renforcement du dialogue social dans une logique de sécurisation des parcours professionnels ;
– soutien à l’excellence bretonne en matière de maritimité en confortant le pôle de formation de l’Ecole Nationale de la marine marchande à Saint-Malo ;
– priorisation des actions en direction de la réussite éducative et de l’accès à l’emploi des jeunes, en particulier des plus défavorisés ;
– soutien à l’enseignement supérieur et la recherche via des opérations de restructuration (IRSET à Rennes, campus centre à Rennes…) ;
– mise en œuvre du volet territorial du contrat de plan, dont le premier axe visera à renforcer les territoires rurbains et ruraux fragilisés par des retraits de services de proximité ;
– réalisation des objectifs du plan régional de rénovation énergétique de l’habitat et atteindre les 45 000 rénovations par an d’ici 2020 ;
– accompagnement de la montée en puissance des projets de méthanisation et de valorisation de la biomasse en Bretagne ;
– accompagnement à l’adaptation aux effets du changement climatique par le Pacte Climat Energie Territorial

Du pacte d’avenir à l’avenir du pacte : la responsabilité des bretons est immense

Bien au-delà des moyens, ce pacte exige le rassemblement de tous les responsables politiques et économiques de notre région. Document travaillé en Bretagne, il devra être animé, évalué, mis en œuvre dans nos territoires et par chacun d’entre nous. Lors de sa venue à Rennes le 13 décembre dernier, Jean-Marc Ayrault a annoncé vouloir donner des moyens politiques supplémentaires aux collectivités de Bretagne en leur permettant d’être pilote d’un approfondissement de la décentralisation. De la parole aux actes, nous devrons nous aussi nous saisir de cette opportunité pour rassembler nos moyens au service d’une ambition partagée.
Cette exigence est indissociable de l’identité républicaine de la Bretagne. Comme à chacune des étapes de notre histoire, nous aurons à bâtir la région que nous voulons : démocratique, sociale, écologique. En donnant les possibilités d’une animation démocratique de nos territoires autour d’un projet solidaire et de progrès, ce pacte nous permet de poursuivre une histoire singulière, porteuse de toutes les valeurs de la République.

One thought on “Pacte d’avenir pour la Bretagne : une opportunité historique pour notre région

  1. Meilleurs vœux à tous les Bretilliens, vos maux comme ceux de tous les Français ne disparaîtrons qu’avec un essort de notre commerce extérieur significatif qui actuellement peine à gagner des marchés alors que les produits et savoir faire sont là : l’EPR aux E.A.U. dans l’eau si l’on peut dire!
    Le rafale n’est plus qu’un mirage de…….plus , après le choix des Suisses et des Brésilliens du Grippen Suédois, moins cher…..Un paquebot risque de nous passer sous le nez pour les chantiers de St Nazaire… Sans compter les échecs de nos TGV depuis des années, tout cela pour une question de prix.
    Tout ceci pour ne prendre que les exemples les plus emblématiques mais qui se déclinent par centaines et milliers dans quasiment tous les domaines.
    L’effort de compétitivité est une action qui doit impliquer toute la société, ensemble, et pas seulement les entreprises concernées. Ce serait totalement contraire à l’esprit de justice de laisser les salariés et entreprises concernés supporter la baisse nécessaire, comme il fut scandaleux de laisser les salariés de Renault accepter des allongements de la durée de travail pour permettre de conserver leurs emplois!!!
    Cet effort doit être celui de tous. initié et imposé par le gouvernement.
    Ensuite les déclinaisons comme celle du plan « Bretagne  » peut être réellement plus efficace et montrer, voire démontrer la perspicacité de ses auteurs.
    Airbus est l’arbre qui cache la forêt, Xspace commence à prendre des parts significatives de marché dans les lancements de satellites….
    Il faut se remettre dans le coup rapidement, tous les citoyens du monde n’ont pas spécialement de raison de surpayer nos produits car nous avons décidé de nous offrir des 5 semaines de vacances, des semaines de 35h00, des retraites précoces, des ………et que nous vivons au dessus de nos moyens depuis des lustres maintenant.
    Chaque pays fait des efforts, des progrès, aussi le nôtre doit progresser beaucoup plus s’il veut combler son différentiel économique.
    À ce jour l’action déterminante n’est pas encore engagée. Que de temps perdu quand on songe au désarroi ( et c’est un euphémisme ) de bon nombre de nos compatriotes.
    PS les 35h00 ne s’appliquent pas pour nos amis agriculteurs, qui depuis 40 ans travaillent du matin au soir et du 1 janvier au 31 décembre, pour simplement survivre.
    Nos principaux concurrents sont souvent nos voisins et amis !!!!!

    Daniel

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