Bretilliens et bretilliennes …


Une habitude n’existe pas à priori. C’est nous qui la construisons. Quand nous répétons une action sur un temps long et qu’elle nous procure une certaine satisfaction, nous la transformons en habitude. Les costarmoricains ont mis un an avant de s’approprier et de revendiquer leur gentilé. Porter un nom de famille sans en avoir eu jusqu’alors semble, depuis jeudi, susciter des réserves ou inquiétudes de la part de quelques-uns de nos concitoyens. Je voudrais leur apporter quelques explications.

Ce n’est pas un gadget

La preuve, la quasi-totalité des départements français ont un gentilé pour leurs habitants, à l’exception de cinq. D’autres viennent de le faire ou sont en cours. Le gentilé renseigne sur notre territoire d’appartenance et nous rassemble. C’est d’autant plus utile que nous traversons une période de crise difficile où nous avons besoin de resserrer les liens sociaux pour davantage de cohésion.

D’où une procédure sérieuse

En février 2012, l’assemblée départementale s’est officiellement engagée d’un an de processus de création du gentilé. Elle a chargé Jacques Delanoë d’animer la démarche et de constituer un comité composé de personnalités, non pas scientifiques, mais représentatives de la population d’Ille-et-Vilaine. Le comité a retenu 3 noms qui ont été proposé à la 5ème commission du Conseil général composée d’élus travaillant sur des thématiques transversales aux missions de la collectivité. Ces derniers ont retenu 2 des 3 noms qu’ils ont soumis au vote de l’assemblée départementale ce jeudi 20 juin 2013

Et la population dans tout ça ?

Son avis, par l’intermédiaire du sondage lancé par Ouest France en 2012, auquel 8500 personnes ont répondu, a été pris en considération. Les membres du comité ont examiné de façon approfondie la proposition de gentilé « Breizh-Illien ». D’ailleurs, « Bretilliens » a été construit sur la base de « Breizh-Illiens » sans pour autant accepter la racine « Breizh » dans la mesure où les habitants d’Ille-et-Vilaine ne parlent pas particulièrement le breton. Le gentilé « Breizh-Illiens » pouvait tout autant apparaître séduisant que provocant. Dans tous les cas, il est apparu comme trop clivant par les membres du comité qui ont alors proposé « Bretilliens » pour référer à la Bretagne mais pas nécessairement à la Bretagne bretonnante.

Pourquoi n’avoir pas fait de référendum ?

La période de crise n’est jamais propice au référendum, qui multiplie les avis et les divisions. Par ailleurs c’est une procédure qui coûte très cher. Bien que la démarche de création d’un gentilé soit importante, le Département d’Ille-et-Vilaine n’a pas mis en péril ses dépenses sur cette opération. Actuellement pour d’autres Départements lancés dans la démarche, les façons de procéder sont beaucoup plus coûteuses.

Combien la démarche du gentilé a-t-elle couté justement ?

15 000 €. C’est une somme dérisoire comparée au Milliard du budget. D’une manière générale, les dépenses de communication du département d’Ille-et-Vilaine sont sans doute les plus basses et de loin parmi les grandes collectivités. Par ailleurs, cette communication ne sert strictement qu’à la promotion de l’Ille et Vilaine et non pas de ses élus. Combien nous aurait coûté une campagne de publicité pour l’Ille et Vilaine telle que celle que nous avons obtenue gratuitement dans les journaux nationaux, régionaux, la télévision et la radio ? C’est plutôt un excellent investissement. 15 000€ c’est enfin une somme dérisoire en comparaison des dépenses engagées par les autres départements qui se sont lancés dans une pareille démarche de gentilé.

Rien n’était joué d’avance ?

Non absolument rien. La procédure a suivi son cours. Certains se demandent pourquoi le nom de domaine Bretillien.fr était déjà réservé par le Conseil général dès le lundi précédent le vote. Certes, mais les noms de domaine pour les 2 autres propositions également. Les 38 conseillers départementaux (sur 53) qui ont voté pour « Bretilliens » ont motivé leur choix par la considération première d’un gentilé qui renvoie à la fois à la Bretagne et à l’Ille-et-Vilaine, mais surtout qui rassemble.

Un mot de conclusion

Il aurait été dommage qu’un Département aussi dynamique que l’Ille-et-Vilaine, qui vient de passer le cap du million d’habitants n’ait pas de gentilé, d’autant plus que celui retenu, « Bretilliens » transcrit parfaitement l’appartenance de nos habitants à une Bretagne moderne, innovante et gallèse. N’importe quel nom aurait suscité des réactions, négatives comme positives. Car je sais aussi que ce nom plaît, « c’est joli, cela sonne bien » comme Erik Orsenna l’a plaidé dans l’édition du week-end de Ouest France.

Bien sûr il faudra un peu de temps pour s’y faire :

– La première réaction est légitimement celle de la surprise, tout comme la première fois qu’on entend une chanson.
– Avoir un nom est d’abord un moyen de rassemblement des habitants. Il ne parle pas forcément à l’extérieur au début. Mais il en est ainsi de beaucoup de noms. Ainsi où habitent les Samariens, les Mariligériens, les Séquanodyonisiens ?
– L’usage rendra certainement doux à l’oreille et identitaire Bretillien et Bretillienne. Laissons lui un peu de temps …

One thought on “Bretilliens et bretilliennes …

  1. Monsieur le Président,

    Rennais de naissance avant de le rester par choix de vie, fidèle électeur socialiste depuis que j’ai l’âge de voter c’est-à-dire depuis 46 ans, il me coûte de vous interpeller sur un sujet qui me tient à coeur : celui de ce qui serait mon « nom de famille », comme vous dites.

    J’ai le sentiment d’avoir été trompé jusqu’à la dernière minute.

    Voici en effet un extrait d’une page du site du Conseil Général, qui a été supprimée le 20 juin 2013 :

    « A l’occasion des vœux à la presse, le mardi 15 janvier, Jean-Louis Tourenne, président du Conseil général, a présenté la démarche qui donnera un nom aux habitants d’Ille-et-Vilaine

    …/…

    Une première liste de noms fédérateurs

    Dans un premier temps, « un groupe d’experts en culture, en histoire et en politique va être nommé ». Ce comité d’experts sera présidé par une personnalité extérieure reconnue. Les membres de ce groupe auront pour mission de faire des propositions fédératrices, qui devront plaire au plus grand nombre. Une première liste de noms sera ainsi définie, puis présentée aux élus du Département. Ces derniers, réunis en commission, affineront la sélection pour ne garder que 2 ou 3 noms.

    Une consultation de tous les habitants d’Ille-et-Vilaine

    Une fois validés par le Président, ces derniers noms seront proposés aux habitants d’Ille-et-Vilaine, via les supports de communication habituels : le magazine Nous Vous Ille, le site Internet,… Les médias locaux souhaitant s’associer à cette consultation pourront également relayer l’information. L’objectif : soumettre au vote des habitants les 2 ou 3 noms restants. Le nom qui ressortira de ce vote sera soumis à l’Assemblée départementale en fin d’année, lors d’une session où le choix final sera fait. »

    J’ajoute, au vu des suites données à la délibération du 20 juin, que je regrette infiniment que le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine continue à confondre démocratie locale et matraquage publicitaire.

    Je ne demande qu’à changer d’avis sur la base d’arguments sérieux.

    Serait-il possible d’accéder à l’intégralité du dossier fourni par le titulaire du marché, sur lequel le comité dit d’experts a été invité à conduire sa réflexion ?

    Je vous remercie de votre réponse.

    Patrick Jéhannin

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