Edito – La démocratie participative et le web


La banalisation du web 2.0 au milieu des années 2000 a changé l’orientation et l’organisation des sites web publics. Les pages institutionnelles ont peu à peu laissé place à des forums participatifs, offrant la possibilité à nos concitoyens de poser des questions. Elles se raréfient au profit de pages sur les services pratiques rendus ou les e-services en ligne.

La mise en place d’un module d’inscription en ligne pour le transport scolaire dans notre Département en est le plus bel exemple.

Avant la mise en ligne du service, 20 000 demandes de renouvellement de carte de transport scolaire étaient saisies une à une. Actuellement environ 30% passent par le service en ligne, c’est un excellent taux d’adhésion pour une première année, qui correspond à 6000/7000 formulaires ne passant plus par une gestion manuelle. Si ce service permet au Département d’optimiser le traitement des dossiers en interne, il vise d’abord et avant tout à faciliter les démarches pour les usagers via l’e-administration.

Ainsi donc suis-je convaincu que le web 2.0 est une grande avancée pour les collectivités territoriales, pour les élus et nos concitoyens. Pour reprendre un article lu récemment sur le net précisément, le web permet bien aux institutions et aux politiques de « moins se regarder le nombril ». Je suis très régulièrement interpellé et parfois même critiqué sur twitter par exemple, alors que la communication unilatérale, très descriptive et textuelle ne laissait par le passé que très peu de place à l’expression du désaccord. Les réseaux sociaux sont une fenêtre pour dialoguer, et entretenir ce lien démocratique qui nous unit aux citoyens de nos territoires. L’on parle souvent d’impératifs de transparence et je pense que les réseaux sociaux sont des plateformes qui exposent les élus et les institutions à la critique mais aussi, de fait, à davantage de clarté et d’amélioration continue du service public rendu via le recensement de la parole des usagers-citoyens.

Dans nos sociétés de la vitesse et de l’urgence, la demande citoyenne liée à des démarches moins chronophages, ne nécessitant pas de déplacement physique, est prégnante et le Conseil général d’Ille-et-Vilaine essaie d’y répondre au mieux. D’autres pistes de travail au-delà du transport scolaire seront bien évidemment dégagées dans le cadre de la démarche d’inter-connaissance élus/administration/citoyens que nous avons engagée il y a plusieurs mois : « On se connaît? ».

Se mettre à la page du web, c’est aussi, me semble-t-il, faire le constat (et on ne pourra aller contre !) que les réseaux sociaux inventent de nouveaux gestes politiques. Le fait d’aimer une page « facebook » (bien entendu, j’y fais là référence en raison des millions de « like » en soutien au bijoutier de Nice) est un geste politique mais dont on ne mesure que de très loin les tenants et les aboutissants : était ce un acte spontané ou réfléchi ? Avec quel degré d’engagement ? Combien d’achats sur le marché des like ? etc

Alors qu’en faire ? Qu’on y accorde beaucoup d’importance ou au contraire très peu, il est dans tous les cas difficile d’ignorer ces gestes politiques nouveaux. Ce sont des gestes faciles (techniquement, en un clic) par ailleurs alimentés par les comportements d’imitation (tiens, nombreux de mes « amis facebook » ont aimé cette page, donc je n’ai pas à me cacher de l’aimer aussi). Ils sont aussi bien moins coûteux que de descendre manifester dans la rue en devant poser une journée de congés. D’ailleurs, les rassemblements physiques de soutien au bijoutier organisés à Nice n’ont réuni que très peu de monde. Finalement, aimer une page facebook, ou retweeter 140 signes, c’est un engagement minimal. Mais un engagement quand même.

Alors sans vouloir entrer dans l’alerte d’une extrême-droitisation de la société, je pense que ce geste politique signifiant un engagement minimal nous enjoint malgré tout – politiques – d’essayer de le comprendre et de le prendre en compte. Entre ceux qui pensent qu’aimer une page sur facebook ou retweeter des signes ne signifient rien et ceux qui s’en alertent outre mesure, la nuance voudrait qu’on prenne ces gestes en compte tout en sachant qu’au-delà de la quantité de « like », c’est le degré d’engagement du geste qui serait susceptible d’apporter de l’information en termes d’impact sur notre société.

Quoi qu’il en soit, que ceux qui soutiennent le bijoutier de Nice, avec violence et commentaires haineux, donc bien au-delà du simple clic, se rendent bien compte qu’en défendant quelqu’un qui se fait justice lui-même, ils défendent la loi du plus fort, le port d’armes et la violence, incompatibles avec le principe d’une justice indépendante et avec notre Etat de droit.

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