Edito – La justice sociale contre la haine de l’autre


La crise économique et sociale dans laquelle nous sommes depuis 2008 plonge les citoyens dans une précarité croissante et dans une incertitude permanente qui alimente toutes les angoisses. Ces peurs poussent les uns et les autres à partir à la recherche de boucs émissaires.

Et, si l’origine de la crise provient d’un système économique trop peu régulé, son interprétation en a fait une crise de l’Etat-social dont les coupables seraient les bénéficiaires des aides publiques, de plus en plus décrits comme des assistés profiteurs et opposés aux honnêtes gens qui travaillent. Ainsi, le fautif, ce serait « l’autre », celui qui vit du RSA ou du chômage, le voisin qui abuse, le cousin qui profite et qui, par son oisiveté, aurait engendré tous nos malheurs.

À cela se greffe une crainte vieille comme le monde : celle de l’étranger. La xénophobie est ainsi réactivée de manière cyclique et systématiquement corrélée aux soubresauts économiques, telle une mauvaise pièce de boulevard que nous serions condamnés à rejouer perpétuellement, par notre manque de clairvoyance.

Cette mécanique mortifère doit être combattue parce que l’histoire nous a prouvé qu’elle était criminelle, vectrice de haine et d’horreurs. Et à ce titre, il me semble urgent de condamner les insultes racistes gravissimes formulées à l’encontre de la Garde des Sceaux Christiane Taubira. La une de « minute » comme les propos tenus lors de la manifestation d’Angers sont inacceptables, intolérables, ils n’ont pas leur place en République.

Je suis convaincu que pour panser les plaies d’un peuple divisé, usé par la crise et l’insécurité économique, il faut plus de justice sociale
Mais ces ennemis-là nous les connaissons, ce sont toujours les mêmes, ils ont finalement peu changé depuis l’esclavage et la colonisation, sans doute sont-ils irrécupérables. Je veux surtout aujourd’hui dénoncer ceux qui se rendent complices du retour de la haine et du racisme, ceux qui jouent avec le feu et qui ne peuvent ignorer ce dont ils se rendent coupables. Je parle de tous ceux qui désignent des catégories de Français et renvoient en permanence certains Français à leurs origines. Ceux qui, sous couvert de lutte contre le « politiquement correct », font progresser des théories nauséabondes et laissent entrer ces idées rances dans le cadre du débat légitime et acceptable, les banalisent. Ceux qui font reculer les digues, par arrivisme. Ceux qui reviennent sur le droit du sol, principe fondamental du pacte républicain français, par populisme. Ceux-là ne manquent pourtant pas de culture et ne connaissent que trop bien les risques qu’ils nous font courir délibérément.

Faut-il encore rappeler que le racisme n’est pas une opinion mais un délit ? Le climat délétère que nous supportons est une preuve de plus que le discours anti-immigration n’est que le cheval de Troyes d’une haine raciale profonde. C’est aussi une diversion pour les conservateurs qui refusent plus de justice sociale, qui refusent de revoir la copie d’un modèle inégalitaire à bout de souffle. Parce qu’il est plus facile de faire reposer la crise sur les chômeurs et les immigrés que sur les spéculateurs.

Je suis convaincu que pour panser les plaies d’un peuple divisé, usé par la crise et l’insécurité économique, il faut plus de justice sociale. C’est le sens de l’action du Département d’Ille-et-Vilaine lorsqu’il engage un million supplémentaire pour la lutte contre la pauvreté et l’emploi de jeunes. C’est le sens des 28 millions d’euros que nous avons investis dans notre politique d’égalité des chances en 2013 et des 22 millions euros d’investissement pour l’économie et l’emploi. À travers ses politiques, le Département veut être un bouclier qui redonne à chacun l’espoir qui l’indemnise contre les petites musiques haineuses, simplistes et qui empêche de céder au fatalisme et au chacun pour soit.

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