Les riches, une classe à part entière : la solidarité des privilégiés


La grande victoire du néo libéralisme, dans sa version la plus cynique, c’est d’avoir fait croire que les classes sociales n’existaient plus. C’est d’avoir subtilement imposé l’individualisme comme une force supérieure à celle du collectif.

Ainsi dans les années 60, avec l’avènement de la société de consommation et du matérialisme, le capitalisme néo libéral nous a donné l’illusion, et surtout aux classes les plus populaires, qu’elles pouvaient, elles aussi, acquérir les mêmes types de biens que les classes bourgeoises. En corrélation avec la profusion matérielle, la facilitation de l’accès aux prêts bancaires a permis d’alimenter, de maintenir et d’imposer cette illusion. Résultat : 40 ans après, plus personne ne parle de classes sociales et la doxa néolibérale a même réussi à nous faire croire qu’elles n’existaient plus. A ceux qui parlent aujourd’hui de lutte des classes, le grand patronnât, leur rétorquent leur passéisme et leur populisme

La classe ouvrière a perdu sa conscience de classe

La classe ouvrière était forte car réunie. Elle était forte car elle avait une culture commune et que la solidarité était quotidienne. Et puis, elle était forte car elle savait que la bourgeoisie avait besoin de sa force de travail pour produire. Le rapport de force était moins inégalitaire qu’aujourd’hui. Seulement, les choses ont changé. Si les classes populaires existent toujours (les ouvriers, les employés certains cadres mêmes) alliés par leurs niveaux de revenus (pouvoir d’achat) et par une position de dominés face aux donneurs d’ordres, ils ne partagent plus du tout les mêmes espérances collectives et les mêmes aspirations à la défense des intérêts communs. L’individualisme mais aussi la peur du déclassement ont profondément déstructuré cette classe populaire. Chacun préférant d’abord assurer son cadre de vie plutôt que prendre des risques à la défense des intérêts collectifs. La défaite de la classe populaire fit ainsi la victoire de la classe bourgeoise.

Et laisse les riches se reproduire entre eux…

Le grand patronnat a infiltré sa vision néolibérale du monde dans toutes nos sphères sociales

Dans une récente interview accordée à Europe le nouveau Président du Medef Pierre Gattaz déclarait ceci à Jean-Pierre Elkabbach : « Je suis extrêmement présent sur le terrain. On est présent partout, auprès des ministres. Nous occupons la presse, nous sommes à la radio, partout dans les journaux ». Même dans mes rêves les plus fous, je n’ai osé un tel aveu d’entrisme de la part d’un responsable du Medef ! Car là où la classe populaire a échoué, le grand patronnat a lui abouti. Leur vision néolibérale du monde et de l’économie s’est infiltrée dans toutes nos sphères sociales, déversant ses poisons dans nos consciences et flattant nos instincts primaires. Les patrons ont ainsi réussi à construire un véritable clan où chacun défend avant tout, ses avantages, ses acquis et ses salaires défiant la décence. Il est en effet toujours plus facile de trouver des alliés objectifs quand on a tant à perdre.

Cette classe de riches, les sociologues Pinçon-Charlots en ont fait leur sujet d’analyse préféré . Ils démontrent très bien que c’est une classe sociale dont les membres sont conscients de leur appartenance, qu’ils se retrouvent dans les mêmes lieux et que la cooptation est leur meilleure technique pour intégrer ces cercles très fermés. C’est une classe dont les membres se côtoient au quotidien et dont leur capital social et leur capital de « porte feuille », leur permettent de reproduire et d’assurer leur propre relève. C’est une forme de domination très forte et très violente imposée par une minorité de personnes sur la majorité de la population.

L’actualité récente nous apporte d’ailleurs une preuve flagrante de cet entre soi : le montant provisionné pour les retraites chapeaux en faveur des membres du directoire de PSA. En effet, bien au-delà du seul cas de P. Varin, ce sont cinq directeurs du groupe automobile qui sont aussi concernés. Au total, près de 70 millions leur sont ainsi réservés pour leur départ en retraite !! Il est alors tout à fait normal et rationnel de voir ses mêmes membres défendre l’inacceptable et d’argumenter, bille en tête, sur les « exceptionnelles compétences » de Philippe Varin méritant de tels montants.

« Si un État veut éviter (…) la désintégration civile (…), il ne faut pas permettre à la pauvreté et à la richesse extrêmes de se développer dans aucune partie du corps civil, parce que cela conduit au désastre. C’est pourquoi le législateur doit établir maintenant quelles sont les limites acceptables à la richesse et à la pauvreté. » Platon (Les Lois 744d)

La réduction des inégalités facteur de croissance

Le principal facteur de nuisance, pour un pays développé, c’est le creusement des écarts de revenus

Comme je l’ai déjà écrit dans d’autres articles, les pays dans lesquels le niveau de cohésion sociale est le plus élevé et dont le bonheur déclaré est le plus haut, sont les pays dont les écarts de revenus entre les plus riches et les plus modestes sont les plus réduits. La parution récente en français des travaux de R. Wilkinson et K. Pikett permet d’éclairer nos jugements sur cette situation. Selon eux, les résultats sont clairs : sentiment de confiance, état de santé, longévité, obésité, taux de maladies mentales, taux d’incarcération, taux d’homicides, toxicomanie, grossesses précoces, succès ou échecs scolaires, bilan carbone et taux de recyclage des déchets, tous les chiffres vont dans le même sens. Plus qu’à n’importe quel autre indicateur, de richesse, de culture ou de dépense publique, c’est à l’écart variable des revenus que l’on doit attribuer le score de chacun des pays sur l’échelle des performances. Conclusion : le principal facteur de nuisance, pour un pays développé, c’est le creusement des écarts de revenus.

Quand on a dit cela, rien n’est vraiment réglé. Néanmoins, il y a là des pistes de travail et de choix politiques incontournables si l’on veut un jour ralentir l’augmentation de la pauvreté, changer nos modes de vie pour notre plus grand bonheur. Le site « Equality Trust » propose d’ailleurs des pistes de réflexions intéressantes et fait la promotion d’idées de réformes sociales allant dans le sens de l’égalité.

Enfin, pour conclure, et j’en reviens au propos cités plus haut, ce qui est particulièrement choquant c’est de voir comment dans les médias, la rhétorique patronale a imposé la domination d’une classe de la population (les riches) sur tous les autres. Ainsi, les salariés ne sont plus que des charges, des coûts qui seraient des variables à optimiser. A nous de proposer autre chose, de ne pas « se laisser éblouir par les lumières de la ville ». Nous pouvons tous rejeter à notre niveau ces contre vérités et rétablir l’équilibre entre les discours.

One thought on “Les riches, une classe à part entière : la solidarité des privilégiés

  1. Les partis républicains se sont construits comme l’émanation de catégories sociales professionnelles précises (le PCF et le monde ouvrier,le PS et les enseignants,l’UMP et les professions libérales ou les cadres du privé).
    La chute du mur de Berlin a montré au monde ébahi la réalité de l’univers communiste, aux antipodes des espérances suscitées par cette doctrine, séduisante sur le papier,louée et cautionnée par de nombreux intellectuels en vue, mais finalement décevante partout où elle fut mise en œuvre.
    Le parti communiste est moribond, les syndicats ne fédèrent plus grand monde, sauf dans le secteur public où l’adhésion est biaisée. La prise en compte de l’avis des syndicats dans les commissions mixtes pour toute nomination, mutation, rend ceux-ci incontournables pour tout fonctionnaire qui souhaite évoluer, ne serait ce que géographiquement. Être non syndiqué signifie avoir peu, voire aucune chance d’obtenir le poste désiré.

    Le grand bond en avant de la Chine n’est pas celui initiè par MAO ZEDONG, mais celui accompli par son successeur DENG XIAOPING grâce à son pragmatisme et à l’économie de marché, car selon sa formule : « peu importe la couleur du matou, l’important c’est qu’il attrape les souris ».
    Aujourd’hui ce n’est pas FIDEL CASTRO ou KIM JONG II qui font rêver dans les chaumières.
    FIDEL CASTRO est pourtant incontestablement un homme intelligent , instruit et qui a mis en œuvre quasi scientifiquement le communisme. Sa meilleure réussite est l’absence totale d’immigration, mieux si l’on peut dire, un solde migratoire négatif constant et important , variant entre 20 000 et 50 000 chaque année depuis son avènement , il y a quarante ans!
    Lui et les siens vivent bien, dans un univers sans commune mesure avec ses compatriotes, j’allais dire ses fidèles, et participent tous au pouvoir. Ah démocratie quand tu nous tiens!
    Pour la Corée du Nord , le flux migratoire est nul, les ressortissants s’y trouvent tellement bien qu’ils n’en partent pas et la sage et bienveillante autorité réserve ses bienfaits qu’à son peuple, pas question d’accueillir toute la misère du monde!

    L’ÉTAT se doit d’assumer son rôle indispensable d’animateur et d’arbitre dans nos sociétés. Même si beaucoup de personnes conduisent de manière responsable, il n’en demeure pas moins que les limitations de vitesse constituent une aide à la bonne conduite. De même, l’économie de marché n’est pas une économie sans règle et il importe aux pouvoirs publics de les fixer, au besoin plus précisément , avec des sanctions dissuasives , sachant que de toute façon, certains feront aussi malgré tout n’importe quoi. Errare humanum est……..
    Les travailleurs, quel que soit l’échelon occupé, veulent des résultats sur leur niveau de vie, le plein emploi pour eux et leur famille. Hélas pour les partis et tant mieux pour le pays, les moutons de Panurge, cela semble bel et bien fini. Vos discours politiciens , de plus en plus décalés, deviennent inaudibles.

    L’actualité commande et pour M. Pierre GATTAZ , l’actuel président du MEDEF, c’est son rôle d’être présent sur tous les fronts, comme ce fut le cas de son père, M.YVON GATTAZ, ancien président du CNPF à l’époque de MITTERRAND.
    Le père était le fils d’une INSTITUTRICE, donc rien de fâcheux, et il a créé ex nihilo dans les années 50, avec son frère LUCIEN GATTAZ, son entreprise , RADIALL, avec leurs seuls moyens d’ingénieurs salariés. Aujourd’hui RADIALL exporte 80% de sa production et concourt à l’enrichissement de la France et des Français. Sa voix mérite d’être sinon écoutée, du moins entendue, non!

    Pour la famille Peugeot, celle-ci ne détient plus aujourd’hui que 25% du capital, et bientôt peut être plus que 12,5% après la prochaine augmentation de capital nécessaire à la survie du groupe . Actuellement, plus de 300 personnes constituent le groupe familial et se répartissent ces 25%.
    Où est donc la concentration du capital tant décriée?

    Aujourd’hui PSA paye ses choix, dont celui d’être restée une entreprise fabriquant en France! Merci pour la reconnaissance, surtout de ceux qui prétendent donner des lećons, ces politiciens qui n’ont jamais pris le risque d’investir un seul de leurs deniers dans des activités économiques, et n’ont jamais créé un seul emploi, hormis ceux financés par des prélèvements fiscaux!
    Si la charge augmente, il n’est pas besoin de licencier, il suffit d’augmenter les prélèvements, c’est simple et vieux comme la royauté!

    Les dérives constatées tant dans les revenus que dans les retraites chapeaux des dirigeants salariés partent des années 80. Beaucoup de grands groupes sont devenus déficitaires suite aux effets des crises pétrolières qui se sont succédées et laissées sans réponse gouvernementale appropriée. L’époque de la croissance tout azimut qui était la règle, en imitation aux conglomérats japonais « chaebols » n’est alors plus de mise.
    Dans ces grands groupes , il est devenu très difficile de trouver un dirigeant capable de redresser les comptes. Ils font appel à des entreprises de recrutement dites « chasseurs de têtes » pour dénicher l’oiseau rare. Le risque est grand pour les candidats d’échouer et avec l’aide des entreprises de recrutement , ceux-ci négocient des contreparties et garanties. Ainsi , même le dirigeant remercié pour cause d’échec s’en va avec des sommes de plus en plus considérables.
    Juridiquement, il s’agit d’accords contractuels parfaitement valables et tant que le législateur n’imposera pas de borne , cette situation perdurera. Ainsi chez PSA , avec Philippe VARIN, sont concernés cinq autres directeurs du groupe pour des retraites chapeaux monumentales.

    Pour beaucoup des dirigeants recrutés depuis cette période, leur politique va consister à recentrer l’activité sur les points supposés forts de l’entreprise en séparant et cédant les activités peu rentables ou déficitaires. Chacune des restructurations va s’accompagner de licenciements.

    Maintenant il faut être sérieux si l’on veut progresser dans l’intérêt de tous. Oui, toute dépense est une charge, et celle concernant la rémunération des personnels en est une comme les autres. L’adaptation au marché imposé des ajustements constants, au même titre que les autres dépenses. L’humain est le plus difficile à régler et de ce fait bien souvent le dernier à intervenir, car à la fois destructeur pour l’entreprise tant en pertes de savoir- faire qu’en termes pécuniaires.
    Si l’entreprise en est là , c’est qu’elle n’a pas réussi à adapter son offre. La montée en gamme, souvent la meilleure issue pour les pays à fort coût de main d’œuvre n’est pas si simple à réaliser. Les échecs de Renault avec les SAFRANÉS , VEL SATIS, de Peugeot avec les 604, les 605, les 607, de Citroën avec les XM? C5 et C6 illustrent bien la difficulté à s’imposer dans des créneaux où la concurrence est solidement installée .

    Alors, effectivement , il peut exister d’autres solutions, la meilleure reste de rétablir la compétitivité des entreprises par un « grand bond en avant » en dévaluant le revenu de tous les Français sans pour autant le réduire , par l’allongement , et pour tous en même temps, de la durée du travail, générant ainsi une amélioration de l’offre de la même ampleur. Le résultat est immédiat: augmentation du pouvoir d’achat de tous les Français, gains de part de marché sur le territoire national et à l’exportation pour les entreprises concernées, croissance très forte et reprise soutenue du marché du travail sans avoir supprimé aucun des dispositifs existants d’assistance aux personnes en difficultés.
    CELA MÉRITE QUE L’ON S’Y INTÉRESSE , NON!

    Sinon, les salariés qui ont la sécurité de l’emploi : les fonctionnaires et assimilés, pourraient affecter une participation spéciale (PS) de leur revenu, pour prendre en charge ces dépenses (ne parlons plus de coûts) permettant d’assurer les salaires et charges connexes et ainsi de maintenir dans l’entreprise des personnels sans activité ou avec ses activités réduites.

    C’est le rôle du gouvernement de fixer les conditions d’exercice permettant le développement d’une économie compétitive , saine et créatrice de richesse pour chacun. Quand cette mission est bien remplie, il n’y a plus de problème de chômage. Les entreprises naissent, croissent et meurent. Inéluctablement, elles embauchent puis débauchent, le reclassement ne pose généralement pas de grands problèmes dans ces conditions de plein emploi.

    Pour finir, en substitution à la remise à plat de la fiscalité qui n’aura pas lieu, tout le monde l’a bien compris, M. AYRAULT pourrait, tel un HÉRAUT moderne, annoncer la promulgation d’un décret  » du grand bond en avant » donnant à tous les Français une augmentation de leur pouvoir d’achat de 20% et devenir leur HÉROS!!!!
    Je fais mien le proverbe chinois de DENG XIAOPING  » qu’importe la couleur du matou, l’important c’est qu’il attrape les souris ».

    Daniel.

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