1 – Le système actuel est en péril et nos enfants auraient à supporter la dette: Faux, c’est l’Etat qui organise le déficit
Le Conseil d’Orientation des Retraites a formulé, à plusieurs occasions parce qu’il était sollicité des avis à chaque fois différents et toujours plus pessimistes. La situation la pire se traduirait par un déficit provisoire de 17 milliards vers 2035. Résorbé ensuite. Pourtant il existe des ressources potentielles largement supérieures aux difficultés ponctuelles: le CRDS aura fini de servi à résorber la dette de la Sécu en 2024. C’est plus de 20 milliards d’euros disponibles chaque année qui vont émerger. Le fonds de retraite ( pour des cas comme celui envisagé) fondé par Lionel Jospin dispose de 36 milliards d’euros.
Par contre c’est l’Etat qui va creuser gravement le déficit qui le conduit à vouloir faire travailler plus longtemps. C’est la raison pour laquelle il s’accroche à l’âge pivot comme une bernique sur son rocher.
- il puise d’ores et déjà dans les caisses de la Sécu pour tenter d’atténuer sa gestion laxiste du budget de l’Etat: 3 milliards, au minimum, en 2020
- Il plafonne les cotisations aux salaires inférieurs à 120000 €/an. Au delà, la cotisation dite de solidarité n’est plus que de 2.8%. Aujourd’hui le plafond est de 340000€ et la cotisation de solidarité de 2.3%. Et l’argument utilisé est de dire que les retraites seront aussi calculées sur la base maximale de 120000 €. Et par conséquent l’équilibre doit s’établir… Ce ne sera vrai qu’à partir de 2037. D’ici là, les hauts revenus vont toucher la retraite à laquelle ils ont droit, c’est à dire sur les bases actuelles, très élevées. Mais les cotisations payées par les jeunes qui entrent ne seront plus que de 2.8% dès le début de leur carrière. D’où une perte de recettes de l’ordre de 4.5 milliards par an.
- Les cotisations patronales versées pour les fonctionnaires par l’Etat employeur atteignent 74% du salaire. Elles seront alignées dans le régime, dit, universel à 17%. Ce sont des dizaines de milliards que l’Etat va économiser mais qu’il faudra trouver pour équilibrer les comptes de la nouvelle instance chargée de la gestion des retraites.
2 – Le système par points est plus juste! Rien n’est plus faux
- Les exemples étrangers: la Suède ( passée de 7% de retraités pauvres à 16% avec le système à points ) et l’Allemagne (18% de retraités pauvres) soulignent combien avec 7% de retraités pauvres, la France a le meilleur système de retraite au Monde. Même si il est loin d’être parfait et qu’il a besoin d’être amélioré en terme de justice sociale, ces améliorations ne nécessitaient pas de tout casser.
- Le système par points favorise les plus aisés. La possibilité de choisir les 25 meilleures années gomme les mois et années de galère, le premier emploi mal payé des jeunes, les départs difficiles dans la vie, les périodes de chômage ( alors que la réforme Pénicaud va réduire ou supprimer les indemnité de 1 200 000 demandeurs d’emploi). Le système par points qui prend en compte l’intégralité de la carrière, condamnera ceux qui commencent avec un bas salaire à réduire le montant de leur retraite. Les salariés qui font l’effort de se former au cours de leur carrière, qui montent en grade, seront pénalisés par les nouvelles règles.
La double peine: les périodes de bas salaire engendrent des retraites plus basses | ||
Dans le système actuel, la retraite d’un salarié du privé se calcule sur les 25 MEILLEURES années. Avec le système à points, toute la carrière est prise en compte. Donc les périodes de bas salaire pénalisent lourdement le salarié concerné. Quand un jeune accepte un travail mal payé, qu’un chômeur n’est pas indemnisé ou très mal ( comme ce sera le cas pour 1 200 000 DE supplémentaires avec les dernières Ordonnances), quand une mère de famille a une carrière hachée, leur retraite en souffrira. Quand un salarié fait des efforts de formation, de qualification, il en tirera un moindre bénéfice par rapport à la situation actuelle. |
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Prenons un exemple (certes un peu caricatural comme le sont les simulations) fondé sur les simulations proposées par le Gouvernement d’une Secrétaire débutant à 20 ans (salaire moyen brut 1520 €) qui, après 17 ans dans cette fonction, entreprendrait une formation et deviendrait développeuse Web pendant 25 ans ( salaire de la simulation: 3140 €) | ||
Dans le système actuel, après 42 annuités, cette personne avec une retraite calculée sur les 25 meilleures années toucherait (selon la simulation) à 62 ans | 2 516 € ( simulateur du gouvernement) | |
Avec les système à points : | ||
17 ans ( y compris la formation) comme secrétaire(( 1520€*12*17*0,28) /10)= 8682 points | ||
25 ans comme développeuse : ((3140*12*25*0/28)/10)= 26376 points | ||
Soit un total pour 42 ans de carrière de 35038 points | ||
Et donc une retraite annuelle de 35038*0,55 = 19281 €/an soit par mois : | 1 606 € ( dans une retraite à points) | |
A laquelle il faudrait retirer une décôte de 10% pour départ à 62 ans : soit 1445 € | 1 445 € |
900 € de moins chaque mois de retraite
On constate alors que, pour ne pas être perdant, par rapport aux 25 meilleures années, il faut une carrière linéaire, démarrer ingénieur pour finir ingénieur. Un technicien devenu ingénieur – à la force de son investissement personnel – ne pourra jamais bénéficier de la même retraite qu’actuellement. Or, qui fait de hautes études, qui peut démarrer – par les relations parentales – de façon privilégiée dans la profession: les enfants des catégories favorisées. le système à point favorisera encore, et encore, ceux qui sont nés avec une cuiller d’argent dans la bouche.
3 – Pour les enseignants la chute sera dure.
Selon le système à points, les enseignants devraient connaître des augmentations de salaire de 30% au minimum. En une seule fois puisque toutes les périodes de bas salaire viendront pénaliser le montant de la retraite. Il faudrait une consacrer plus de 12 milliards d’euros en une seule fois. Toutes les arguties, les mensonges du Ministre de l’Education Nationale ne changeront rien à cette cruelle réalité: l’Etat ne fera pas l’effort demandé. Le gouvernement trompe les enseignants….
En conclusion, ce sont nos enfants sur qui on ne voudrait pas, dit-on dans un discours trompeur, faire supporter la charge de la dette, qui seront les grandes victimes de ce système mal pensé, inique et ingérable. Il faut le retirer et repenser le projet. Ce serait l’honneur d’un gouvernement que de constater le caractère inapplicable de sa proposition. Il est encore temps avant de perdre complètement la face et surtout d’entraîner vers la pauvreté nombre de retraités.