Jean Germain : la mort d’un candide


Il aimait sa ville et voulait en faire la ville du bien vivre ensemble

 

  • Il voulait faire de sa belle ville de Tours, un pôle de développement touristique. Il faut créer des richesses pour en distribuer, pour mailler la ville d’équipements et de services favorables à l’ensemble de la population. Il faut beaucoup d’argent donc multiplier les ressources.  Et puis il faut s’efforcer de créer le plus d’emplois possibles pour que chaque habitant puisse espérer vivre et travailler au pays. Et, pendant des années, Jean Germain s’y est attaché corps et âme. Ainsi en témoignent ceux qui l’ont approché, ceux qui ont travaillé avec lui. Tours s’est embellie, modernisée, a renforcé sa séduction et développé les conditions, en services publics éducatifs, sportifs, culturels,  favorables  à l’épanouissement de tous.
  • L’idée de sortir des campagnes de communication ordinaires – qui aurait sûrement coût cher à la ville – a retenu son attention. Offrir un lieu pour des reconstitutions de mariages à la française, une idée originale pour attirer la clientèle chinoise, l’a sûrement enthousiasmé par son caractère innovant. Et il s’y est engagé personnellement, persuadé d’aider sa ville à acquérir un renom international. Sur ce point, il avait raison. Ça a marché !!
  • Tout à son objectif, il aura oublié de s’intéresser aux moyens mis en œuvre, surtout aux conditions matérielles et financières .Il aura fait confiance à ses collaborateurs et collaboratrices. Qui peut, à la tête d’une grande collectivité, ne pas s’en remettre aux agents qui la font vivre. Qui peut, en tant qu’élu responsable de l’exécutif, tout vérifier? la conformité des marchés, les matériaux utilisés, les sommes engagées, les devis et les factures etc.. ? Faire confiance : une exigence incontournable.  Et puis «  on ne nous apprend pas à se méfier de tout … » chantait Jacques Brel. Candide, l’élu, a souvent tendance à penser que ceux qui l’assistent sont animés  du même idéal que lui. Et c’est en règle générale une réalité.

Jean Germain, je le crois, aura été victime de sa candeur. Il aura laissé sa vie en gage de sa bonne foi et de son honnêteté. Dur !

« Haro sur les élus » ! Qu’est-ce qui vaut à l’élu  cet excès d’indignité dont le Front National fait ses choux gras?

 

  • Une erreur – parfois une malversation mais c’est plus rare – et voilà qu’une certaine presse se délecte et se déchaîne. Des nuées de journalistes – qu’on aurait vainement cherchés pour rendre compte des mille et une actions réalisées par la collectivité,  de l’énergie dépensée, de l’idéal qui animait les responsables – cherchent « le scoop ». Il ne restera, ensuite, qu’à trouver le titre le plus accrocheur, le plus ravageur qu’importe le traumatisme qui en résultera pour la victime. Et si ça marche bien, si ça satisfait le goût de certains lecteurs, on recommencera le lendemain, le surlendemain jusqu’à ce que leur appétit se tarisse.
  • Ne peut-on convenir que l’erreur, la maladresse, la décision trop hâtive, sont inscrites dans une vie d’exécutif qui doit prendre 20 ou 30 décisions par jour, en mesurer les objectifs, les conséquences, le coût, les risques, l’intérêt pour les citoyens… ?

Un faux pas et voilà mille réalisations justes, utiles, effacées !

Les élus, tous pourris !

 

Jugement définitif, et tellement commode que cette désignation de boucs émissaires !

Bien sûr, il serait vain de sombrer dans une victimisation abusive. Les élus ont choisi d’être là où ils sont. Pour autant, leurs motivations sont, je le crois, la plupart du temps tout à fait louables.  S’intéresser aux autres c’est aussi le plus sûr moyen de donner un peu de sens à sa vie. Il n’y évidemment pas que la fonction d’élu qui le permet. Bien d’autres engagements pourvoient à cette recherche de justification de son existence.

Sans doute, est-il nécessaire dans une démocratie d’accepter la critique, les opinions des autres pour en faire son miel et prendre les meilleures décisions. Mais, quelle que soit la carapace que les années ont pu forger, il est dur de subir les assauts répétés de ceux qui, mieux que tous, sachant tout sur tout – ce peut-être vrai mais pourquoi se gardent-ils de soumettre au suffrage universel leurs idées –se livrent au harcèlement et n’hésitent pas à piétiner allègrement l’honneur et la dignité de leur victime expiatoire. Comme si les élus en avaient moins que les autres et que leur statut autorisait à leur égard, l’irrespect, l’insulte, l’affirmation péremptoire.  Même quand leur cuir est tanné, certains élus, n’y résistent pas. Quand des vies entières ont été marquées par l’intégrité, peut-on s’étonner que devienne insupportable de voir bafoué en quelques minutes sur la place publique son honneur ?

Ce n’est pas le trop d’élus qui menace notre démocratie ni les finances de la France -même s’il faut évidemment se poser la question sur leur nombre, sur les institutions – Pousser jusqu’à la caricature cette exigence et c’en est fini de la démocratie. Qui devient alors comptable de ses actions devant le peuple ?  Les régimes totalitaires commencent toujours par supprimer les élections.

Je n’ai pas eu l’occasion de beaucoup fréquenter Jean Germain. Mais j’ai aimé sa passion pour la justice, pour la cohésion sociale dont son discours était toujours empreint. Et puis, une vie qui s’arrête c’est toujours une tragédie. Aussi devons-nous en tirer les enseignements pour approfondir encore notre démocratie.

 

 

 

 

 

 

 

 

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